L’improvisation est un outil puissant pour réenchanter son investissement. Il arrive que des émotions et des états négatifs s’installent insidieusement au sein du back-office. Des facteurs peuvent également aggraver la situation comme « cette réorganisation des services » qui se passe mal. Pour peu que le management de proximité ne détecte pas suffisamment tôt le malaise, la contagion s’installe. D’une même voix, les petites mains disent « ne plus avoir de plaisir à venir travailler ». Le mot est lâché : « plaisir ». Pour comprendre la méthode, voyons un cas réel d’équipe back-office que j’ai formé grâce à la pratique de l’improvisation décrite dans cet article : La distanciation théâtrale.
Première phase d’exploration : qu’est-ce qui vous donne envie de travailler ?
– C’est quoi le « plaisir » pour vous ?
Et la parole se libère : moins de stress, moins de souffrances physiques liées aux conditions de travail et plus de dialogue et de solidarité entre les personnes. « Avoir le goût de venir travailler ».
– C’est quoi pour vous « avoir le goût de venir travailler » ?
Ils répondent en l’écrivant. Chacun a ses propres critères. Le fait même de se projeter redonne un peu d’énergie à chacun. Ils se sentent mieux.
– Et selon vous, à quel moment cet état vous quitte ?
Le contexte est aussi important que le ressenti. Vérifier les co-responsabilités et prendre de la hauteur sur la situation. Dissocier ce qui est du domaine personnel et du domaine professionnel. Cette première phase d’exploration permet :
- Au collectif de mettre à distance ses émotions et de les accepter.
- À la personne d’être reconnue dans sa souffrance et dans son besoin de changement.
Deuxième phase d’exploration : la mise en pratique avec l'improvisation
Ensuite, je propose de mettre ces situations en scène. Pour cela, je choisis l’improvisation théâtrale suivante : interpréter un acteur qui vient demander du travail à son agent artistique.
La fiction est tellement loin de leur réalité que les énergies se libèrent. Il faut aller chercher « ses tripes » ; choisir entre subir la situation ou être force de proposition. En face, celui qui joue l’agent est comme un manager. Il a le choix entre influencer, stresser, coacher, harceler ou manager avec humanisme.
Les scènes se suivent et ne se ressemblent pas. Chacun joue une fois un des rôles en guise de défoulement.
Cette deuxième phase d’exploration permet d’aller encore plus loin, au-delà du divertissement et de la bonne humeur qu’elle génère. En effet, la personne :
- expérimente physiquement la situation et découvre de nouvelles ressources personnelles (confiance en soi)
- Se surprend à pouvoir jouer un autre rôle (échapper à la répétition).
- S’entraîne à la justesse dans le moment présent (fluidité).
La petite prescription est acceptée par le collectif : prendre de la distance, dédramatiser et se faire confiance dans l’action au contact des autres.
"Le théâtre est le temple du contact d'homme à homme, une dramaturgie de la rencontre".
Jean-Pierre Thibaudat