C’est le jour du rendez-vous et vous avez préparé votre pitch. Reste que, sur le moment, vous devrez incarner votre prise de parole : rester authentique, trouver vos mots et maintenir la relation. Alors, comment ne pas passer à côté des éléments essentiels pour créer le lien avec votre interlocuteur ?
Le verbal ou le choix de ses idées
Pour vous aider à identifier les éléments forts de votre échange, je vous conseille vivement de catégoriser les informations. Répertoriez tous les éléments du discours sur votre sujet. Par exemple, il peut être précieux de balayer vos arguments selon 3 critères :
L’Éthos : d’où je parle ? Qui suis-je, en quoi je me sens légitime ?
Conseil : cherchez dans votre expérience tout ce qui est en relation avec vos savoir-être. Votre adaptabilité, votre force de travail, vos responsabilités même dans des secteurs différents.
Impact : vous êtes rassurant et montrez vos qualités.
Le Logos : mettez en avant tout ce qui est mesurable.
Conseil : au regard des postes précédents, comment votre positionnement a permis des résultats concrets.
Impact : vous prouvez que des facteurs externes viennent corroborer votre talent.
Le Pathos : votre activité passée et future est source d’émotion.
Conseil : identifiez des ressentis liés à vos activités. Choisissez de montrer les conséquences positives sur votre état d’esprit.
Impact : vous montrez votre motivation intrinsèque et personnalisez votre approche. Vous êtes plus enclin à formuler vos phrases en commençant par « je » sans avoir peur de vos émotions.
Le paraverbal ou la présence à l'autre
C’est en général, dans mon accompagnement, le paramètre le plus difficile à maîtriser. Il demande beaucoup de courage, de bien se connaître pour se corriger dans le temps présent. C’est un élément essentiel en communication et voici comment y faire appel.
La respiration : elle vous permet de ne pas compenser et d’incarner ce temps de réflexion inestimable dont vous avez besoin.
Conseil : posez votre respiration pour ne pas vous emballer.
Impact : vous incarnez votre rôle même dans le silence et montrez que vous pouvez prendre du recul.
Le volume : ici, il faut trouver le juste milieu. Ni confidentiel (voire inaudible), ni péremptoire (refusant toute réplique).
Conseil : modélisez la relation en évaluant le nombre d’interlocuteurs et augmentez votre volume sonore d’un point de plus par personne présente.
Impact : vous restez spécifique et célébrez la présence de chaque auditeur.
Le ton : Il est déterminant pour rester convaincant et qualifier le rapport à l’autre.
Conseil : choisissez les actions que vous souhaitez produire. Il en suffit de 3 ou 4 : donner envie, rassurer, convaincre.
Impact : vous déclenchez des émotions chez l’autre et nourrissez la relation.
Les silences : ils se gèrent grâce à la respiration ventrale et profonde.
Conseil : l’utiliser peut-être très puissant pour montrer votre maturité relationnelle.
Impact : votre interlocuteur se sent libre de penser et de s’exprimer.
Le non verbal ou le langage du corps
C’est la part la plus importante en communication. Vous avez beau être brillant dans votre domaine, si votre langage corporel vient contredire ce que vous dîtes, il sera perçu par l’autre comme un défaut d’authenticité.
La posture : vous la trouverez en ancrant vos pieds au sol et en adoptant l’ouverture.
Conseil : proscrivez les postures fermées ou qui montrent votre absence de lâcher-prise (par exemple, être appuyé sur le bureau).
Impact : vous trouverez beaucoup plus d’énergie et serez libre de vos mouvements.
Le regard : maintenir le contact visuel montre votre capacité à vous engager dans la relation, sans vous dérober.
Conseil : équilibrez entre présence et extraction. Vous ne devez ni être trop insistant, ni manquer d’intérêt.
Impact : sans montrer votre dépendance ou, au contraire, votre indifférence, vous restez disponible dans l’échange.
Les gestes : même s’il est tentant de les convoquer pour appuyer le propos, ils ne doivent pas être mécaniques et répétitifs.
Conseil : faites confiance à votre corps et à son ancrage au sol. Si un geste vient, il accompagne naturellement le propos sans déconcentrer l’interlocuteur.
Impact : vous montrez combien il vous est facile de communiquer sans trahir votre rapport au monde.
Pour résumer, l’interaction interpersonnelle demande autant qu’une prise de parole sur scène. Elle est tout autant intimidante et demande de l’énergie pour créer du lien et s’adapter à son interlocuteur. Rien n’est immuable et la capacité à s’adapter est indispensable (voir l’article sur la cible). Pour autant, c’est en sachant ce que l’on souhaite dire (le verbal), en s’entraînant à le dire (le paraverbal) et en restant attentif aux signaux corporels (le non verbal) que vous pouvez surmonter l’exercice. Si vous en ressentez le besoin, n’oubliez pas de faire un exercice en gestion du stress pour vous sentir dans la meilleure des dispositions. L’important est de ne jamais vous justifier pour vous incarner (représenter en soi une chose abstraite).
"L'acteur est un artiste et non pas un critique. Son but n'est pas de faire comprendre un texte, mais de faire vivre un personnage"
Paul Claudel